- bègue
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• beggue 1235; a. fr. béguer « bégayer »; moy. néerl. °beggen « bavarder »♦ Qui bégaie de manière habituelle ou de manière occasionnelle (parfois même volontaire). Un enfant bègue. — N. Un, une bègue.bègueadj. et n. Qui bégaie.⇒BÈGUE, adj. et subst.A.— Emploi adj. Qui bégaie par suite d'un défaut de prononciation permanent ou sous le coup d'une émotion violente :• 1. Hangard était bègue mais éloquent; c'était un orateur, un tribun; il y avait en lui du Camille Desmoulins.A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 251.• 2. ... Joseph fit son service dans les zouaves et se retira de bonne heure chez ses parents. Il n'avait pas de métier : pris entre le mutisme de l'un et les criailleries de l'autre, il devint bègue et passa sa vie à se battre contre les mots.SARTRE, Les Mots, 1964, p. 8.— P. ext. Qui a de la difficulté à s'exprimer dans un domaine :• 3. Beethoven avait (...) une puissante conscience subliminale, qui, dans le monde qu'éclaire le jour des paroles, demeurait bègue, avait difficulté à s'exprimer, — mais qui le menait avec une infaillible sûreté dans les galeries souterraines du monde des sons.R. ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 25.— Au fig. [Souvent en parlant d'une partie du corps ou d'une activité hum.] Mal à l'aise, maladroit :• 4. ... il [le duc de Rosen] reconnut plus d'une fois [dans les notes] la grosse écriture bègue des billets d'amour...A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 467.• 5. ... le pauvre garçon ne cessa plus de fredonner cette sonate, de la chercher sur le piano qu'il tapotait d'un doigté balourd et bègue.A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 31.B.— Emploi subst. :• 6. ... Dieu se plaît à renverser les jugements des hommes; il laisse de côté les éloquents et délie la langue du bègue pour annoncer sa parole.SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 474.— Au fig. :• 7. Les tyrans sont des bègues d'idées, qui éclatent et tonnent sur toute idée; ils butent et ils ont décrété qu'on ne s'apercevrait pas qu'ils butent.ALAIN, Propos, 1930, p. 958.PRONONC. :[
]. Durée mi-longue sur [
] ouvert dans PASSY 1914. À ce sujet cf. FÉR. Crit. t. 1 1787 : ,,1re è moy.``, et ROUSS.-LACL. 1927, p. 124.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1235 adj. beggue becgue « qui bégaye [empl. en partic. comme surnom] » (Cart. de S. Vinc. de Metz, B.N. I, 10023, f° 20 r° dans GDF. Compl. : Hues li Beggues; f° 43 : Huon le Becgue); XIIIe s. begue (Digestes, ms. Montp., f° 256a, ibid. : Se aucuns est begues, ce est mehaing ne mie maladie).Déverbal de béguer; a supplanté l'a.fr. baube, 1256 dans GDF., du lat. balbus.STAT. — Fréq. abs. littér. :80.BBG. — BARBIER (P.). Un Nouv. n. des basques. In : [Mél. Kastner (L. E.)]. Cambridge, 1932, pp. 22-37. — BUGGE (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 351. — DAUZAT Ling. fr. 1946, pp. 216-217. — HORNING (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t. 21, pp. 450-451. — MEIER (H.). Rehabilitierte Etymologien. Rom. Forsch. 1968, t. 80, pp. 208-209.bègue [bɛg] adj. et n.ÉTYM. 1235, beggue, becque; déverbal de l'anc. franç. béguer (→ Bégueter), remplacé par bégayer; du moy. néerl. beggen « bavarder » (→ Bégart, béguin); ces mots ont remplacé l'anc. franç. baube, du lat. balbus.❖1 Adj. Qui bégaie de manière habituelle (souvent, de naissance) ou de manière occasionnelle (parfois même volontaire; → Bégayer, cit. 3.1). || Être bègue, un peu bègue (→ ci-dessous, cit. 2). || L'orthophoniste rééduque des enfants bègues.♦ N. Personne qui bégaie, bégayeur.1 Je ne connais pas de gens qui aiment plus à parler que les bègues.2 Le Dr Renon était bègue. C'était, à vrai dire, un ancien bègue, ou mieux un bègue intermittent, en ce sens qu'il avait adopté des disciplines, fait maint et maint exercice, châtié la carcasse et obtenu finalement gain de cause.G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, X.3 Voici le bègue. Celui-là est encore une sorte de sourd, mais par l'attention forcenée qu'il porte aux mots qu'il va dire, et qui sont ses ennemis. Il se ramasse, il se prépare, il tremble tout. Cela fait une belle émotion, comme devant un tour de force; et quand le mauvais passage est franchi, quel applaudissement !Alain, Propos, « Le bègue et le sourd », 1er déc. 1931.2 Fig., littér. Qui a des difficultés de parole, d'expression (comparées à un bégaiement).4 Heureux les bègues, car ils emportent les contradictions comme un fétu. Mais comptons aussi les esprits bègues, toujours en emportement devant la difficulté de penser.Alain, Propos, « Le bègue et le sourd », 1er déc. 1931.♦ N. || Un, une bègue.5 Semblables aux bègues, qui ont de la violence dans leurs opinions parce qu'ils ont peur des syllabes. Les tyrans sont des bègues d'idée, qui éclatent et tournent sur toute idée.Alain, Propos, « L'esclave dormant », 22 sept. 1930.♦ (Choses). || « Une grosse écriture bègue » (A. Daudet).❖CONTR. Volubile.DÉR. Bégayer.
Encyclopédie Universelle. 2012.